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CONFERENCE Jean EPSTEIN Psychosocilogue, expert-référent de la Petite Enfance
le 11/10/2016
(dans le cadre des 10 ans du Relais Assistantes Maternelles FLANDRES LYS)
Jean EPSTEIN est Psychosociologue, auteur de plusieurs ouvrages de référence et articles sur les relations parents-enfants à destination des professionnels et des parents. Dans cette conférence il aborde les notions fondamentales de la petite enfance avec naturel et humour. Que l’on soit parent ou non, ou encore professionnel loin des stéréotypes et pseudo-méthodes idéales, il fournit des repères pour élaborer soi-même ses propres réponses .
Cliquez sur le lien pour écouter la conférence 1ère partie (durée 30 mn)
https://monatelierbienetreartherapie.fr/wp-content/uploads/2016/10/confjeanepsein.mp3
Jean EPSTEIN exerce ses compétences pour accompagner des projets politiques locaux, comme par exemple au Japon et au Canada.
Au Japon la baisse de la natalité est une problématique qui préoccupe les politiques, ainsi d’après les statistiques, dans trois générations le pays aura disparu. Or la natalité est loin d’être encouragée par l’orientation des finances politiques actuelles. A titre d’exemple, le coût d’un accouchement est de 7000 à 8000 euros non remboursés, il n’y a pas d’allocations familiales, pas de crèches. Contrairement en Fance où la natalité est bonne avec le dispositif des aides à la famille.
Jean EPSTEIN se rend également au Québec depuis 21 ans tous les ans en mai dans le cadre d’un groupe de projet avec le ministère de la famille. Il observe le décalage avec la France en terme d’approche. En France, culturellement, nous sommes dans une logique de manque dans le domaine de la petite enfance. Nous sommes formés à regarder ce qui ne va pas : les parents démissionnent, un enfant handicapé est un enfant qui manque de quelque chose…
Au Quebec la logique est axée sur les compétences et plutôt de regarder ce qui va. Un enfant sourd , au Quebec, c’est une personne merveilleuse. Ces enfants différents,obligent à voir les différences chez tous les enfants En France dès qu’un enfant ne rentre pas dans le « moule » c’est un problème. Au Québec, l’enfant est regardé positivement : c’est un enfant qui a quatre sens hyper-développés.
La logique d’aide est différente aussi, et peut se résumer par cette phrase : « Il coûte moins cher d’aider un enfant et une famille à se construire plutôt d’attendre qu’ils dysfonctionnent pour les soigner ». Statistiquement les problèmes d’incivilité chez les jeunes représentent un gouffre financier et d’attendre que ça casse plutôt que d’aider des enfants et des parents à se construire. Il faut aider les enfants à se construire des repères et aussi aider les parents à construire des repères aussi. Les professionnels ont un rôle très important. On est dans une autre logique culturelle mais il faut savoir que ça existe.
La prévention , le simple fait de penser prévention c’est penser qu’il va y avoir problème. Lorsque vous avez une idée des quartiers à problèmes, le nom des familles à problèmes, le risque est de voire des problèmes là où il n’y en a pas et de ne pas en voir là où il y en a peut être. Or les Juges pour Enfants voient autant de situations d’enfants maltraités dans tous les milieux, la différence c’est que dans les milieux aisés ça se voit moins « car les murs sont plus épais ». « On peut très bien être d’un niveau social dévalorisé et être de bons parents et être d’un milieu social aisé et être paumé comme parent avec les enfants ».
Dans cette logique de manque la PMI en France reste plombée par une double image , médecine de pauvre et signalement, ce qui rend les choses difficilement opérante dans les situations de difficultés sociales et dans les situations de non difficultés sociales.
A ROUBAIX une figure de référence connue pour son travail auprès des familles c’est Maurice TITRAN. Il est à l’origine des CAMPS, c’est un outil de coordination des professionnels autour du handicap Centre d’Action Médico-Social Précoce.
CONSTRUIRE DES REPERES DES LA NAISSANCE ET TOUT AU LONG DE L’ENFANCE
D’après Jean EPSTEIN, les « tout se joue avant » sont à mettre à la poubelle. Pour Françoise DOLTO il s’agit plutôt de dire « Tout ce joue avant la mort ».
Dans les familles actuelles les limites sont sans cesse testées par certains enfants . Jean EPSTEIN les surnomme les « chics-ouf » . Ce sont des enfants qui sont sans arrêt dans la provocation quant ils se réveillent on dit : « chic » et le soir quand ils vont dormir on dit « ouf ».
Petite enfance et adolescence se rejoignent.
Les enfants sans limites dans la petite enfance vont en chercher plus tard à l’adolescence par les phénomènes de bandes de sectes…pour avoir « un petit chef qui donne des ordres ».
Rôle des parents et rôle des professionnels
Le RAM est né en 1989 pour les assistantes maternelles afin de rompre l’isolement des assistantes maternelles et pour augmenter la qualité de l’accueil.
Pour Jean EPSTEIN c’est un métier qui depuis toujours lui tient vraiment à coeur tout comme Boris Cyrulnick , et pour lui tout le monde ne peut pas exercer ce métier . Le premier article qu’il a rédigé dans un magazine spécialisé s’est intitulé : Madame LOUISE. Madame LOUISE était la nourrice de Jean, vielle femme du quartier qui accueillait des enfants pour arrondir les fins de mois sans agrément, avec une chaleur incroyable et complètement différente du milieu familial. Pour lui entre un enfant et son assistante maternelle c’est une histoire d’amour. L’enfant va découvrir,entre autre, qu’il a le droit de vivre quelque chose d’intime avec une femme qui n’est pas sa mère dans une maison qui n’est pas sa maison. Il est nécessaire pour cela que la relation de confiance soit suffisante avec la maman pour qu’elle accepte qu’il soit intime avec une autre.
Cliquez sur le lien pour écouter la conférence 2 ème partie (durée 30 mn)
https://monatelierbienetreartherapie.fr/wp-content/uploads/2016/10/confjeanepstein2.mp3
Construire des repères le rôle des parents des professionnels, la juste place de chacun
Pour les professionnels il faut trouver sa juste place vis à vis des parents, ne surtout pas oublier que les parents sont les premiers éducateurs et que beaucoup de choses leur reviennent.
Comment un parent sait qu’il est parent. C’est par la découverte des premiers fois comme par exemple de découvrir les premiers pas, la première dent. Les enfants passent beaucoup de temps dans leur milieu d’accueil et donc c’est plus souvent les professionnels qui découvrent les premières fois, mais cela ne leur appartient pas vraiment . Il faut laisser aux parents découvrir les premières fois pour être à la juste place. Ne pas prendre la place de l’autre par définition et moins encore d’être mis dans l’image du bon parent par le fait d’être professionnel. Beaucoup de parents ont l’impression d’être nuls comme parents et imaginent que le professionnel est un bon parent.
Or un bon professionnel peut avoir une très bonne connaissance des repères du développement de l’enfant , mais en pratique avec ses propres enfants c’est compliqué à appliquer en tant que parent.
En théorie les repères de développement de l’ enfant sont connus , mais en réalité chaque enfant se développe à son rythme . On ne peut pas comparer un enfant à un autre , les précocité des acquisitions ne veulent rien dire. Et même en tant que professionnel lorsqu’il s’agit de son propre enfant c’est différent.
Il est parfois difficile d’être à sa juste place en tant que professionnel , surtout en terme de « compétition et de précocité » pour rentrer dans le moule, dans la norme. L’enfant peut avoir certains besoins et le parent peut avoir d’autres besoin . La juste place est un partenariat étroit entre parents et professionnel. Il est parfois difficile de réagir face à certaines demandes des parents. Il est alors intéressant pour le professionnel d’expliquer aux parents pourquoi l’enfant a ces besoins à ce stade de son développement.
L’apprentissage de la propreté c’est entre deux et six ans c’est prouvé scientifiquement. Toutes les connaissances sont inscrites, mais n’arrivent pas aux parents. Ce qui arrive ce sont les comparaisons, « il faut qu’il soit propre à deux ans » pour aller à l’ école…
Il y a beaucoup d’affectif dans l’apprentissage des repères.
L’activisme et la sur-stimulation sont aussi au coeur des préoccupations de certains parents. Or l’enfant a besoin de temps et de moments où il doit s’ennuyer pour trouver par lui même les moyens de s’en sortir et de gérer lui même son temps libre. Ce sont les « inactivités d’éveil » .Nombre d’adolescents adoptent des comportements violents vis à vis d’eux même ou des autres car souvent ces jeunes expriment leur ennui et leur incapacité à gérer leur temps eux même, les adultes l’ont toujours fait pour eux.
Le respect du rythme de l’enfant doit être pris en compte par les professionnels.
Trois champs de repères sociaux que l’enfant doit développer :
– les repères individuels (principe de plaisir centre du monde),
– les repères sociaux principe de réalité (la frustration : accepter de ne pas tout avoir)
– je ne suis pas le centre du monde ne n’ai pas tout et j’attends
Les repères familiaux
est-ce que je suis aimé,
qui je suis , est ce qu’on me dit est lisible, je suis l’enfant de qui , ma propre histoire ( identité narrative )
– quelle est ma place
– qu’est ce que j’ai le droit de faire
Quand les parents et professionnels font autorité ensemble, les repères sont posés.
Le besoin de limite : aimer son enfant c’est savoir lui dire oui et aussi non.
Jean EPSTEIN, psychosociologue, mène un travail de recherche et d’ action. Il étudie selon les statistiques, mais effectue aussi un travail sur le terrain.
Selon les statistiques , il a été observé ces dernières années un lien entre la monté de l’enfant roi, de l’enfant tirant vers l’adulte roi à l’adulte tirant.
Les enfants à qui on a laissé tout faire, acceptent difficilement la frustration, les pervers narcissiques semblent dans la lignée des enfants à qui on a laissé tout faire. Cela concerne 8 a 10 % de la population. Il s’agit d’un comportement conscient à jouir de l’humiliation de l’autre.
Le mode opératoire est toujours identique :
-trouver une proie dans le cadre professionnel ou personnel et la ferrer
-qui doute un peu d’elle
-lui ressembler en tout point
-l’isoler et la couper du monde extérieur pour former un huis clos
-la jouissance après c’est d’humilier, tout en se faisant passer pour la victime,
– la proie est alors dans un système où elle doute d’elle et elle pense que c’est a cause d’elle
les enfants du couple sont utilisés contre l’autre
La montée de l’enfant roi s’explique en partie par le fait que les mamans qui travaillent se culpabilisent et disent je ne fais pas l’empêcher de … et c’est la montée de l’enfant roi.
Cliquez ici pour écouter la conférence 3 ème partie (durée 30 mn)
Les enfants sont énergiques car ils occupent le terrain. Il transforment l’homme et la femme qui lui ont donné la vie en un papa et une maman à plein temps.
Le huit clos familial peut être pathogène , il est important d’ouvrir sur le monde extérieur. Le « chic ouf » peut être « prêté » à des amis de la famille pour prendre un week end.
Les « chic-ouf » ne transforment par forcément les deux parents en même temps. Les enfants acceptent plus facilement des repères qui ne viennent pas des parents mais de l’extérieur.
Parfois certains adolescents expriment : « Ce que j’attends de mes parents c’est qu’il me donnent des conseils pour ne pas les suivre. »
Refaire tomber dans l’action la recherche, il y a un fossé, il y a peu de choses qui retombent dans la pratique. En France dans le domaine de l’éducation, il n’y pas de retombées sur le terrain. Les évaluations sont quantitatives et pas qualitatives. Les évaluations en France se font dès cinq ans et aussi en fonction de la moyenne des autres.
Les questions que se pose le tout petit.
Est ce que je suis aimé tel que je suis ? L’enfant va régulièrement vérifier les preuves d’amour auprès des adultes. La différence est parfois difficilement acceptée au sein de la famille et ensuite dans le milieu scolaire.
Actuellement les mots à la mode sont : hyperactivié, dyslexie, autisme
Il y a dix ans c’était les psychotiques (indicateur les yeux dans le vague)
La comparaison en tant que modèle positif ou négatif est toujours difficile pour l’enfant car l’enfant se construit sa personnalité en fonction de ces repères.
Au final il n’y a pas de différence avec l’adolescent qui pose la question : Est-ce que je suis aimé tel que je suis ?
L’ado a encore du travail de bébé, il n’est pas en crise mais a le pouvoir d’être par moment un bébé et a d’autre un adulte. C’est le triomphe nostalgique de l’ado : Je vais être un adulte , mais je ne serai plus jamais un enfant. L’adolescent est double , il se pose deux questions contradictoires mais qui veulent dire la même chose.
Cliquez sur le lien pour écouter la conférence 4 ème partie (durée 30 mn)
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Aider nos enfants à construire des repères
Le respect des rythmes de l’enfant
Pour qu’une acquisition de base se fasse, il faut qu’un tas de petites autres acquisitions se fassent. Il peut y avoir des décalages entre des différentes acquisitions de bases comme la marche et la propreté. Tout dépend des données sensorielles, motrices, affectives et environnementales.
Pour la lecture, savoir déchiffrer, comprendre et aimer c’est entre 4 et 9 ans. Lorsqu’il y a comparaison, il peut y avoir des blocages qui se forment.
Les repères individuels
Les rituels, les objets transitionnels sont en rapport avec le sensoriel et permettent de grandir.
Chaque enfant en fonction de sa sensorialité, va choisir un objet transitionnel
Les repères, la régularité l’enfant en a besoin.
Des rythmes de vie et des rythmes de développement différents. Il est important d’avoir un regard positif et valoriser l’enfant , valoriser ses compétences, c’est la bien traitance.
La précocité des compétences du tout petit des facultés à ne pas négliger. Il est prouvé scientifiquement qu’un bébé est capable de fabriquer la même odeur que la personne référente du milieu dans lequel il se trouve et à condition qu’il se sent bien
Le bébé humain utilise la séduction pour que l’on prenne soin de lui pour permettre sa survie.
Cliquez sur le lien pour écouter la conférence 5 ème partie (durée 30 mn)
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Les repères sociaux
Je ne suis pas le centre du monde, je ne suis pas tout et j’attends .
La gestion de la frustration et la sanction un repère important. Les parents ont peur de ne plus être aimé et c’est un des aspect de l’éducation difficile à tenir.
Il y a neuf critères pour faire passer une sanction :
– elle doit être immédiate,
– posée par la personne concernée,
– elle doit être cohérente et partagée en apparence par les parents,
– doit être expliquée, montrer le lien avec ce qu’il a fait,
– pas humiliante,
– proportionnée,
– réaliste,
– irréversible, sauf si c’est injuste
Est ce que je suis aimé ?
L’enfant est persuadé que tout ce qui arrive est toujours de sa faute et a besoin de vérifier régulièrement les preuves d’amour. ( peur nocturnes, prise de risque..)
l’enfant a des besoins plus ou moins important en fonction des périodes.
L’identification
Pour se construire l’enfant à besoin de connaître son histoire, les parents représentent un modèle le processus d’identification doit être lisible et constructible.
Il existe des sessions de rattrapage
Le seul rôle d’un enfant auprès des ses parents c’est celui d’être l’enfant de ses parents et le rôle des parents est celui d’être un adulte.
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Salut Odile!
Je suis très d’accord sur la construction des repères et les exemples que tu donnes sont excellents! Toutefois, vu que je reste au Québec, je trouve ça un peu pousser ce que M. Epstein a dit! Ce n’est pas toujours ça que j’entends!